Par Lise Fontaine
Le 1er juin 2015, 8000 personnes d’une centaine d’écoles primaires et secondaires, de 8 régions du Québec, formaient autour de leur école, une chaîne humaine pour dénoncer les compressions effectives ou à venir dans le milieu de l’enseignement primaire et secondaire. Nous y étions comme responsables de l’atelier de devoirs et leçons, accompagnés de collaborateurs.
En effet, les mesures d’austérité imposées par le gouvernement Couillard forcent la CSDM, sous menace de tutelle, à «…réduire ses dépenses de 23 millions et aller chercher 4,5 millions de revenus dans le secteur de la formation aux adultes si elle veut parvenir à un retour à l’équilibre budgétaire d’ici un an.»1 Comment cela se traduira-t-il concrètement ?
D’abord, le ratio maître-élève va être appliqué strictement, me dit Bernardus Valkenburg, commissaire scolaire pour la circonscription Plateau-Mile End, suite à l’adoption du budget de la CSDM, le 7 juillet dernier. Ce ratio est fixé à 24 élèves par classe au primaire; au-delà de ce nombre, les élèves seront relocalisés, au mieux dans d’autres classes et au pire, croyez-le ou non, dans d’autres écoles !!!
De plus, les services offerts par les conseillers pédagogiques, les techniciens en éducation spécialisée et les psycho-éducateurs, seront touchés par les coupures dans plusieurs écoles, privant ainsi élèves et professeurs d’un soutien nécessaire à la réussite scolaire. À ces compressions s’ajoute celle de l’abolition des postes d’adjoints à la direction comme c’est le cas pour l’école St-Louis de Gonzague, où il manque 7 à 8 élèves pour atteindre 500 élèves et échapper au couperet !
Aussi, là où ça va faire le plus mal, c’est aux services aux élèves handicapés et ceux ayant de graves difficultés d’apprentissage fréquentant une école hors-quartier; le transport scolaire sera diminué sinon aboli comme c’est le cas pour les élèves de l’école Vanguard. Une situation aberrante car touchant des jeunes avec de grands besoins au niveau de l’apprentissage ! La logique comptable du gouvernement Couillard n’est pas compatible avec l’égalité pour tous à l’éducation ! Sans parler des augmentations des frais de service de garde qui doubleront lors des journées pédagogiques. Les parents sont inquiets. « Je n’enverrai plus mes 3 enfants au service de garde lors des journées pédagogiques. Cela devient inabordable !» me dit une maman. Une autre me dit qu’à l’école de sa fille dans le Centre Sud, les collations ont été réduites et ainsi, certaines activités parascolaires.
Également, des programmes comme celui des comités de quartier (regroupant les commissaires scolaires, les directions d’écoles primaires et secondaires, les parents des conseils d’établissement et des représentants d’organismes communautaires de chaque quartier de la CSDM) pourraient, selon le commissaire, être privés de leur budget, mettant en péril des projets (6 pour le Plateau-Mile End) ayant des impacts positifs sur la persévérance scolaire tel « Bien dans mes baskets», sur le développement d’habiletés sociales pour les enfants de «Samedi d’y aller» ou sur le projet du passage CPE (centre de la petite enfance) à l’école primaire élaboré avec des représentants de la Table de concertation Autour des Familles et des représentants des écoles primaires. Tous ces projets illustraient bien l’ouverture de l’école sur son milieu, mais devront attendre l’an prochain pour la poursuite de leurs activités, dans le meilleur des cas.
Dans une lettre adressée aux commissaires des quartiers Centre-Sud et Plateau-Mont-Royal, les Tables de concertation, s’adressant aux jeunes de 0 -24 ans, demandent le maintien du financement de ces projets, à la hauteur des sommes allouées en 2014-15. Dàjà, ces sommes avaient été réduites de près de 50% par rapport à celles allouées, il y a environ 3 ans. En réponse à cette demande, Monsieur Valkenburg, commissaire du Plateau Mile-End, nous invite à poursuivre les revendications relatives au maintien et à la bonification des comités de quartiers.
Autres mesures d’austérité affectant le milieu communautaire: l’abolition de deux postes d’agents de développement aux relations à la communauté à la CSDM, amenant les 3 agents restant à couvrir l’ensemble du territoire, privant ainsi les Tables de concertation «…d’une solide relation de confiance avec les partenaires institutionnels et communautaires, relation essentielle à la mobilisation d’une communauté autour de la réussite et de la persévérance scolaire des jeunes»2 .
Pour compléter le tableau, les signataires de cette lettre déplorent le fait que le CREP (Centre de Ressources en Éducation Populaire de la CSDM) doit absorber des compressions majeures, «… privant ainsi de nombreux organismes communautaires d’un service gratuit de grande qualité pour les épauler dans leur développement associatif et corporatif.»3
Pour toutes ces raisons, je vous invite à vous mobiliser le 1er septembre prochain pour la protection de l’école publique et à signer la pétition en ligne «Reconnaissance et financement adéquat de l’école publique », déposée à l’Assemblée Nationale, par la Coalition des parents pour l’école publique. L’éducation, une priorité, un droit à défendre !
N’oubliez pas, nous dit Monsieur Ben Valkenburg, que la mobilisation des parents a déjà fait reculer le gouvernement : un gain de 3 millions par rapport aux 9 millions exigés par le Ministère de l’Éducation. Des victoires non négligeables sur lesquelles il faut s’appuyer pour protéger la qualité de l’éducation pour tous et l’avenir de nos enfants !
(1) La Presse, Sara Champagne, 8 juin 2015.
(2)-(3) Lettre en date du 23 juin, envoyée aux commissaires, Ben Valkenburg, commissaire, Plateau Mont-Royal (MÉMO)et Stéphanie Bellenger-Heng, commissaire Ville-Marie (MÉMO)