Mardi matin, 10 mars, l’équipe d’intervention est attablée pour sa rencontre hebdomadaire avec un agenda bien rempli.
Au Château d’Aurore, on prépare les formations à venir pour les collaborateurs et les parents, on se félicite du succès des activités réalisées pendant la semaine de relâche. En alimentation, plusieurs séances de cuisine collective sont au programme et on prépare le prochain atelier culinaire pour des adolescents. Lilia vient à peine de revenir pour le projet de jardin collectif et elle s’attèle avec grand enthousiasme à la planification d’une saison qui s’annonce riche en activités puisque tous les financements demandés ont été obtenus. Au réseau des aînés, Brigitte a de la broue dans le toupet, entre de nombreuses interventions individuelles de soutien, l’organisation des rencontres intergénérationnelles, la clinique d’impôt à venir au HLM voisin, la projection d’une conférence sur l’Alzheimer et la sortie annuelle à la cabane à sucre. Meggan n’est pas en reste, avec de nombreuses interventions et accompagnements offerts à des personnes en situation de vulnérabilité. En action citoyenne, la prochaine soirée sur l’économie et la transition écologique risque d’en interpeller plusieurs. On planifie les dernières dépenses de l’année financière, on commence à parler des bilans et du rapport annuel à rédiger; on se fait aussi un plan de match pour la venue prochaine de stagiaires en gestion documentaire pour venir mettre de l’ordre dans les archives d’Aurore, on cogite sur la visite d’une délégation d’employés de Centraide, on parle des résultats de la recherche-action en cours, on s’excite à concevoir une belle fête pour les bénévoles sur le thème des années folles. Nous évoquons ce matin-là les 7 cas confirmés de personnes atteintes par la COVID-19 au Québec, mais nous sommes bien trop occupées pour s’imaginer le grand bouleversement à venir.
Et puis BOUM! À peine 6 jours plus tard, tout est mis sur pause, la Maison d’Aurore annonce la suspension de ses activités publiques et on se réunit d’urgence pour discuter de l’établissement des priorités, des outils à mettre en place et des conditions de travail pour y parvenir. On se concentre sur notre monde à rejoindre, les aînés en particulier, les parents des élèves accompagnés, les personnes qui bénéficiaient d’un suivi particulier. On met en place le télétravail, de nouvelles plateformes de collaboration et le soutien technique nécessaire pour faire face à cette réorganisation; on se bâtit des listes d’appel avec des codifications de couleur selon l’intensité des besoins décelés et on commence un grand marathon d’écoute, de références vers des ressources, de tri d’information face au tsunami de correspondances et de directives changeantes quasi-quotidiennement. On s’adjoindra quelques jours plus tard des alliés bénévoles qui prennent la relève auprès de plusieurs aînés pour les suivis téléphoniques, les courses et les livraisons. On discute avec les partenaires et des bailleurs de fonds pour s’assurer du maintien des ententes et on dépose de nouvelles demandes de financement.
Derrière ses portes closes, la Maison d’Aurore est donc à pied d’oeuvre, et elle le restera pour les semaines à venir. Nous avons encore peine à prendre individuellement et collectivement toute la mesure des impacts de cette grave crise sanitaire, économique et sociale. Mais nous savons que ses effets s’étaleront au-delà de la difficile période de confinement et de distanciation physique. C’est dans cette perspective du travail et de l’entraide à venir que nous vous remercions pour votre soutien, votre implication, votre adhésion comme membre et vos dons lorsque possibles. Ils feront une différence en ces temps de grands besoins et encore davantage lorsque nous pourrons à nouveau raviver l’essence collective qui nous anime.