Ce n’est un secret pour personne, le sous-financement des organismes communautaires autonomes a de plus en plus de conséquences directes. Un des contrecoups évidents du manque de ressources des organismes communautaires est la tarification à l’activité et aux services. Le Réseau Québécois de l’Action communautaire Autonome ( RQ-ACA ) a voulu amorcer un réflexion avec ses membres et a lancé un vaste sondage auprès de 1000 organismes, dont la plupart montréalais. Par cette consultation, le réseau voulait connaître les raisons pour lesquelles les organismes imposaient une tarification et ses montants approximatifs.
Le 18 février dernier, le RQ-ACA a présenté les résultats de ce sondage. Le premier constat qui est clairement ressorti de la rencontre, est la diversité de définitions du terme même “tarification”. Par exemple, si certains conçoivent que la carte de membre obligatoire, généralement fixée entre 5 et 10 $, peut constituer une forme de tarification, d’autres y voient un geste d’engagement aux valeurs et à la mission de l’organisme, sans rapport avec de la tarification.
La deuxième réfléxion amorcée est la spécialisation du milieu communautaire et le détournement de mission imposée indirectement par certains bailleurs de fonds. En effet, la transformation d’organismes voués à la mobilisation et l’action sociale vers des points de service spécialisés, modifie le contexte. Les besoins sont de plus en plus grands, les services publics débordent et le financement suit rarement. Le désengagement de l’État force les groupes à l’auto-financement, dont la tarification.
La question fondamentale reste l’accès aux activités et aux ressources. La tarification ne doit pas freiner l’accès. L’exemple médiatisé des paniers de Noël offerts par un organisme communautaire de Longueuil au prix de 15 $ est parlant. Si certains parlent de responsabilisation, d’autres d’impossibilité d’offrir ce service sans tarification. Les organismes communautaires autonomes autour de la table apportaient tous leur soutien à la campagne. « Main rouge », opposée à la tarification et la privatisation. Est-ce là un paradoxe si nous appliquons la même médecine ?
La réfléxion est entamée mais bien des questions restent encore…Est-ce que le fait de se donner des balises brimerait notre autonomie ? Est-ce qu’autonomie veut dire gratuité ? Est-ce que la démobilisation dans les groupes ne vient-elle pas du fait qu’une logique plus clientéliste est à l’opposé d’une logique d’engagement ? Bien des questions restent encore sans réponse.