Ensemble, tout est possible

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La Maison d’Aurore rejoint cette année la très respectable liste des organismes communautaires qui ont traversé le temps et les générations. Quarante ans d’action communautaire, c’est une grande histoire à raconter ! À l’origine de cette histoire, il y a le nom d’Aurore, dont le mystère suscite encore des interrogations 40 ans plus tard ! Tous ont entendu parler d’Aurore St-Laurent, résidente du quartier, qui aurait joué un certain rôle dans la mise sur pied de la Maison. Le nom d’Aurore (l’enfant martyr) avait aussi marqué l’imaginaire collectif  de l’époque. Les fondateurs de l’organisme y ont trouvé là une appellation qui pourrait attirer les regards et faire connaître cette nouvelle adresse dans le quartier.

 

En réalité, elle aurait pu arborer plusieurs noms cette Maison, celui des gens qui l’ont portée en rêves et à bout de bras pendant les premières années, celui de ceux et celles qui y ont tant contribué ensuite.  “La Maison de Marcel”, par exemple.  Car c’est un peu, voire beaucoup grâce à lui, que ce lieu d’entraide naît en 1976 et qu’il deviendra un moteur de transformation sociale dans le quartier.

 

À cette époque, le Québec vit une période d’ébullition sociale peu commune, avec le mouvement syndical qui prend de l’ampleur, la mobilisation des jeunes dans les quartiers ouvriers et les adeptes de l’idéologie marxiste-léniniste.  Marcel Viau se positionne en marge de ces courants.  Il fait partie de cette branche active des chrétiens de gauche qui souhaitent s’engager dans leur communauté, rejoindre les personnes là où elles sont et favoriser leur propre prise en charge, une personne à la fois.  Avoir pignon sur rue devient alors inévitable pour accueillir les gens de manière très libre, sans intention particulière.  En plaçant l’écriteau “La Maison d’Aurore” au-dessus de la porte d’un local délabré de la rue Rivard qu’il réussit à louer, Marcel est à mille lieux de pouvoir s’imaginer la longue suite des choses.

C’est là le “vrai” début, avec Hélène Lecours et Jean Lafleur, à accueillir toute sorte de monde avec du café et des biscuits, cinq jours sur sept, à commencer à recevoir des appels, à créer des camps de vacances pour permettre aux gens de sortir de la ville, à faire des bazars pour financer des activités, à organiser des rencontres, dont les premières mèneront à la mise sur pied de la coopérative d’habitation des Pieds noirs….  Pour demeurer actifs, les fondateurs savent qu’ils doivent développer un argumentaire solide, justifier les besoins, documenter leurs projets. La Maison et ses pionniers vivotent en trouvant des appuis financiers chez les communautés religieuses, dont plusieurs partagent ce souhait d’émancipation pour les populations défavorisées. La situation est précaire, mais le cœur y est.

 

Puis, en quelques années, à force de présence et d’organisation d’activités, on réalise qu’on a peut-être créé quelque chose de durable, que des personnes s’impliquent sur une base régulière et que l’organisme devient peu à peu le leur.  Marcel partira en 1980 pour poursuivre ses études, laissant les rênes à Monique Laviolette pour garder et solidifier le fort. Pour la suite, il y a tant à se souvenir.

 

Quarante ans plus tard, après quelques changements d’adresse,  la Maison d’Aurore demeure aussi active et solidaire qu’elle l’était à l’époque, au cœur d’un Plateau-Mont-Royal transformé à bien des égards.  Quand Marcel Viau y pose un regard, on le sent émerveillé d’y voir l’esprit des premiers jours, “cette espèce d’ouverture sans œillères à des êtres humains du milieu, cette idée de former une communauté qui se rassemble et se rencontre.”

Si cet esprit perdure, c’est grâce aux défricheurs de terrain, aux tisseurs de liens, aux visionnaires, aux bâtisseurs d’espaces de prise de parole et d’action, aux donneurs d’élan qui ont fait de ce lieu un endroit où ensemble, depuis quarante ans, tout est possible !

 

 

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