« Mange et… tais-toi ! »

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Lors de l’assemblée générale annuelle 2015 du Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ), Frédéric Paré, agronome, nous a présenté un portrait non complaisant de notre système alimentaire.

  1. Frédéric Paré a travaillé chez Équiterre et à la Coalition pour la souveraineté alimentaire du Québec. Dans sa conférence intitulée « Mange et… tais-toi ! », il dresse un portrait de la santé alimentaire de notre nation.

Quelques faits…

  • En 2012, 882 000 Canadiens ont eu recours aux banques alimentaires (dont 12% avaient un revenu d’emploi !).
  • Les entreprises agroalimentaires produisent plus que deux fois la demande domestique.
  • Le coût annuel moyen du panier alimentaire au Canada est de 7 262$, il est de14 815$ au Nunavut.
  • 56% des Canadiens sont en surpoids.
  • 75% de la distribution alimentaire au Québec est dans les mains de 3 chaînes seulement !
  • 2,6 milliards de paysans dans le monde vendent 74% de leur production à 10 entreprises.

Pour expliquer l’épidémie d’obésité, on pointe rarement l’offre alimentaire mais plutôt les choix individuels. Et si on réfléchissait autrement? En effet, dans un marché ouvert et mondial tel que le nôtre, on assiste à une mise en valeur des denrées agricoles à faible coût de production, telles les céréales, le sucre ou l’huile de palme.
Selon le professeur Carlos Monteiro, l’augmentation de la production et de la consommation des aliments ultra-transformés reste la principale tendance du système alimentaire mondial et une cause importante de l’épidémie d’obésité et de maladies non transmissibles, telles les maladies cardiovasculaires et le diabète.

Nous nous retrouvons donc avec un système alimentaire hyper concentré au niveau de la transformation et de la distribution, très peu régulé et qui produit une alimentation à plusieurs vitesses : Haut de gamme avec produits de niche pour les plus riches et alimentation industrielle faible en nutriments pour les plus pauvres!

 

Comment en sommes-nous arrivés là?

De 1940 à 1990, les politiques publiques du MAPAQ* sont uniquement de nature économique ou agricole, jamais alimentaire. En 1978, sous Jean Garon, la sécurité alimentaire s’entend comme l’augmentation de la production (révolution verte). En 1994, c’est l’introduction de l’agriculture à l’OMC, la conquête des marchés!

Lors de la Commission sur l’avenir de l’agriculture québécois (CAAQ) en 2007-2008, les citoyens ont parlé en déposant plus de 700 mémoires. La faille importante de cette commission  a été son mandat, qui est demeuré bien plus celui de l’avenir de l’agroalimentaire que celui de l’alimentation.

 

En 2010, la réponse du PLQ à cette commission a été l’élaboration du livre vert « Le bioalimentaire québécois ». Ce document avait pour objectif de conférer une personnalité propre aux produits alimentaires d’ici. Encore une fois, ce livre vert n’a pas posé la question de l’avenir de l’alimentation, mais a plutôt fourni des outils afin d’aider les entreprises à tirer leur épingle du jeu.

 

C’est seulement en 2012 que la politique de souveraineté alimentaire du PQ a inclus l’objectif d’assurer à l’ensemble des Québécois un approvisionnement en aliments de qualité, à juste prix et bons pour leur santé. Cet ajout pose enfin la question de l’alimentation. Cependant, il n’y a pas concrètement de mise en application. Dans le budget du MAPAQ, seulement 5% est alloué à la santé animale et à l’inspection des aliments.

 

Lors de sa visite en 2012, M. Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, écrivait dans un rapport remis au premier ministre Stephen Harper, que les stratégies nationales fondées sur le droit à l’alimentation devraient être conçues comme des processus participatifs, élaborés conjointement par tous les partenaires concernés, y compris les groupes les plus touchés par la faim et la malnutrition…
Il faut donc rassembler et entendre les mangeurs, en particulier ceux qui ont faim, puis transmettre et mettre en valeur leurs demandes à l’État. Le monde agroalimentaire ne le fera pas pour eux. Pour illustrer cette vision et pour donner un exemple concret, certains acteurs œuvrant en sécurité alimentaire, dont la Table sur la faim du Montréal Métropolitain, proposent de réguler le prix pour une cinquantaine d’aliments de base frais ou faiblement transformés, provenant du territoire, qui pourraient composer l’essentiel d’une alimentation saine et variée.
Le réseau pour une alimentation durable, qui est une alliance pancanadienne d’organisations communautaires et d’individus, promulguant la sécurité et la souveraineté alimentaire, vous invite dans le cadre de la prochaine campagne électorale fédérale, à réclamer à votre député de faire de la sécurité alimentaire un enjeu électoral majeur, et exiger une politique alimentaire pancanadienne.

 

Joignez-vous au mouvement Je mange donc je vote  

http://campagne.foodsecurecanada.org/rejoignez-le-mouvement

 

*MAPAQ : Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries, et de l’Alimentation du Québec

 

 

 

 

 

 

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